Les serviteurs de la démocratie

120 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE

Convention. Et l'on sait si Carnot se connaissait eh héroïsme. :

Nul n’ignore. en France, les circonstances dans lesquelles se produisit l’héroïsme de Boissy d’Anglas. Le 20 mai 1795, une multitude affolée envahit Ja Convention nationale, Dans sa fureur, cette foule invective, insulte, frappe plusieurs représentants du peuple. Elle rencontre un jeune député, Féraud, le tue et met sa tête au bout d’une pique. À ce moment, Boissy d’Anglas présidait la Convention. Menacé de mort s’il ne fait pas mettre en délibération la volonté des envahisseurs, le président se'couvre et reste impassible. Mais laissons parler un des témoins oculaires de cette scène émouvante, le député Louvet :

« Cornment, écrit-il, peindre le tranquille courage, le sang-froid du président magnanime de la Convention? Comment peindre l’inaltérable ealme de sa figure, signe assuré du calme de son âme? Un des scélérats lui disait : Si tu ne fais cesser ce bruit, si tu ne fais pas délibérer l’Assemblée, je te coupe la tête. Un autre, — beaucoup d’autres, lui apportaient successivement différents écrits qu'ils appelaient des molions ; ils lui disaient : Nous n'avons pas besoin de ton Assemblée ; le peuple est ici, tu es le président du peuple, signe, et le décret sera bon; signe, ou je te tue. Lui, toujours tranquille, répondait : Pour moi, la vie c’est peu de chose; mais prenez garde! Vous parlez de commettre un grand crime! Je suis représentant du peuple, je suis président de la Convention. Et disant cela, il ne faisait pas délibérer et ne signait rien. Lorsque, pour l'effrayer, on vint mettré sous ses yeux la tête san… glante de Féraud, il se découvrit et la salua respec-

. tueusement. »

On s’explique, devant une telle attitude, le cri d’admi-