Les serviteurs de la démocratie

LOUSTALOT 135

libraire et mi-parlie émpr'esario. Prudhomme cherchait un écrivain afin de lui confier la rédaction du journal qu'il voulait fonder. Prudhomme n'élait ni un savant ni un Jettré, mais il avait du flair. Il alla tout droit vers Loustalot : « Voulez-vous, lui dit-il, prendre la rédaction en chef d’une feuille que nous appellerons les Révolutions de Paris? Vous écrirez, jJ'administrerai, etle public ne connaîtra que mon nom ? » Ainsi fut fait. Loustalot accepta l’humble, mais noble mission de travailler obscurément à la diffusion des grands principes libéraux. Le succès ne tarda pas à répondre aux prévisions de Prudhomme. On rechercha et on admira dans Les Révolutions de Paris une: incomparable dignité d'expressions, le don précieux de l'exposition lucide et l'affirmation des doctrines révolutionnaires. , Les journaux, à cetle époque, ne ressemblaient pas à ce qu'ils sont aujourd’hui; la feuille que Loustalot rédigeait avec tant de succès était hebdomadaire et se composait de 52 pages. Elle portait cette épigraphe ;° Les grands ne nous paraissent grands que parce que nous sommes à genoux. Levons-nous…/ Venait ensuite un article de fond toujours écrit par Loustalot el com prenant une vingtaine de pages. Il faut en conclure que les lecteurs de 1789 avaient un tempérament plus robuste que les lecteurs de nos jours. Les articles de Loustalot étaient rédigés avec une gravité qui, aujourd'hui, paraîtrait pesante; ils n'étaient égayés ni par la fantaisie de la verve, ni par le piquant du paradoxe, ni par l'attrait plus vulgaire des polémiques personnelles. Loustalot n’attaquait personne et ne se défendait pas. Il exposait des idées et restait uniquement au service des principes. La collection volumineuse des Révolu= tions de Paris ne renferme aucune agression contre les individus, aucune polémique outrageante. Les ad-