Les serviteurs de la démocratie

12 JLES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE

qui ne voyait en lui que l'homme de Ja TÉpressior sans pitié, lui prodiguait tous les Outrages. Bailly, impassible, regardait monter le flux des invectives populaires. La journée était froide et pluvieuse et le malheureux savant, déjà exténué par les fatigues de l’emprisonnement, tremblait de tous ses membres. S'il faut en croire une narration qui est peut-être une légende, un spectateur aurait crié à Bailly: « Tu trembles, assassin! — Oui, je tremble, répondit simplement le condamné, mais c’est de froid. »

Si ceite parole stoïque n’a pas été prononcée par Bailly, elle est digne de son caractère.

Le premier maire de Paris était un sage sinon sans reproche, du moins sans peur. -L'inflexibilité de sa nature est regrettable. Elle a fait de lui, au Champ de Mars, l'homme de la lettre plus que l’homme de l’esprit. On n’administre pas, en temps de révolution, avec une raideur intraitable. Il faut savoir céder quelquefois pour empêcher les Catastrophes. La ténacité est bonne, mais dans la pratique Souvernementale, elle peut devenir une infafuation redoutable qui a comme conséquence tour à tour le 10 mai 1799, les ordonnances de juillet 1880 et le soulèvement du 24 janvier 1848.