Les serviteurs de la démocratie

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doute que la tolérance eût mieux valu. Si la République avait été proclamée alors, Louis XVI était simplement exilé et les sanglantes journées d'août et de septembre pouvaient être évitées.

Bailly n'eut pas le coup d'œil politique. Magistrat chargé du maintien de l'ordre et de la légalité, il fut l'esclave de son mandat. Considérant que les attroupements étaient illégaux, il les fit dissiper par la force le 17 juillet 1791. Cette journée compta de nombreuses victimes. Les troupes envoyées au Champ de Mars négligèrent de faire les sommations d'usage, en sorte que la répression prit le caractère d’une boucherie.

Bailly crut qu'il était de son devoir de défendre les auteurs de ce massacre, et l’Assemblée nationale, devant laquelle ilexposa sa conduite, lui donna raison; mais le peuple, dont le sang avait coulé, lui donna tort.

IV

A partir de la journée du A7 juillet 1791, la réaction contre Bailly dépassa toute mesure. Les services rendus furent oubliés; on ne voulut voir que le sang répandu. L'ancien président de la Constituante, devenu subitement impopulaire, donna sa démission de maire de Paris. Il se retira en province, à Melun, et reprit ses savantes études. La haine populaire le poursuivit jusque dans sa retraite. Arrêté, amené à Paris devant le tribunal révolutionnaire, il fut condamné à mort pour sa conduite au Champ de Mars.

Nous possédons sur ses derniers moments des détails aussi dramatiques que douloureux. Pendant qu'il se rendait à l’échafaud, le 11 novembre 17193, la foule,