Les serviteurs de la démocratie

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146 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE

Péthion a démontré ce que peut le patriotisme d'un honnête homme secondé par Ja bonne volonté de ses concitoyens. Grâce à lui, plus de vingt émeutes furent évitées. Un jour, le blé manquait, il sut faire prendre

- patience au peuple affamé. Le lendemain, les bruits les plus sinistres de complots circulaient dans la ville. Péthion parvint à calmer les appréhensions. Ce maire admirable allait partout où il y avait quelque danger à courir; maïs il n'exagérait rien. Un soir, des agents de police effrayés vinrent en toute hâte lui annoncer des troubles pour la nuit. Il les reçutavec calme, puis étendantla main hors de la fenêtre : « Ne vous inquiétez pas, Messieurs, répondit-il, il pleut, les Parisiens. seront tranquilles. »

Lorsque le 20 juin 4799 Je peupleenvahit les Tuileries et voulut forcer Louis XVI à arborer [la cocarde tricolore, Péthion, bien qu’il fût le moins royaliste des hommes, n’hésita pas à se porter au secours du roi. Il arriva au palais au moment où l’on faisait entendre contre le monarque des cris de mort. Seul, sans armes au milieu de cette foule irritée, Péthion, fort de l’autorité qu’il tenait de la loi et de l'élection, réclama le respect de la demeure royale au nom même de la liberté. Les Parisiens obéirent à la voix de leur maire. N'est-ce point là un fait considérable et qu’il est bon de remettre en lumière? Je sais bien qu’on à reproché avec raison à ce maire de n’avoir pas empêché les massacres de septembre. C’est vrai. Péthion aurait dû à tout prix S'y opposer; mais était-il possible de maïîtriser les colères d'un peuple exaspéré par de longues et injustes souffrances? jene le crois pas. Ce qui est certain, c’est que les maires de Paris, Péthion comme Bailly et comme Pache, s'ils n’empéchèrent pas tout le mal, en empêchèrent beaucoup. Il faut leur en savoir gré. On