Les serviteurs de la démocratie

150 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE

homme énergique et actif. Il avait composé plusieurs Ouvrages de médecine; de là sa réputation d’érudit. On le rencontre à Paris dans les clubs, parlant en faveur des droits du peuple et attaquant les privilèges de l'aristocratie et du clergé. Ce n’était pas un orateur dans le sens ordinaire du mot, mais il avait du trait, de la netteté dans l'expression et une grande fermeté de principes. Péthion, qui le connaissait bien, avait donc raison de le recommander aux Parisiens. Les circonslances dans lesquelles Chambon prit le pouvoir étaient des plus graves, La royauté venait d'être abolie, Louis XVI et sa famille étaient emprisonnés au Temple; le procès de la monarchie allait Commencer. Au dehors, l’invasion se préparait contre la France.

Il

Paris, pendant cette année 1792, fat semblable à une vaste fournaise où bouillonnaient toutes les passions. Empêcher le mal de se produire, rendre tout le monde raisonnable était impossible à ce moment-là. Peutêtre même n'est-ce possible en aucun temps, — n'en déplaise aux doctrinaires de la sagesse absolue. Les partis, alors exaspérés les uns contre les autres, s’acCusaient réciproquement de tous les méfaits et de tous les crimes. On voyait des traîtres partout. La Gironde accusait la Montagne d'orléanisme, et la Montagne accusait la Gironde de fédéralisme. La commune de Paris, toujours ardente, intervenait jusque dans les débats de la Convention. D’un autre côté, les royalistes, surexcités par la captivité de la famille royale, sen-