Les serviteurs de la démocratie

PACHE 15

En

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Qu'était-ce que le ministère de l’intérieur! pendant la grande Révolution? À partir de 7 heures du matin, vous rencontriez dans ses bureaux un homme d’aspect effacé, de mise correcte, mais sans éclat ni élégance. Il dépouillait les dossiers, les annotait, donnait au ministre Roland, arrivé en même temps que lui, des indications de politique générale. Un visiteur se présenfait : il était reçu aussitôt et, s’il s’égarait dans de longs développements, Roland ou son collaborateur le ramenait doucement à l’objet de sa visite.

En ce temps-là, pas une minute n'était perdue au département de l’intérieur. L'heure du déjeuner arrivée, Pache, — car c'était lui qui servait de secrétaire à Roland — tirait de sa poche un morceau de pain sec et le mangeait en dépouillant sa correspondance ministérielle. Rien de plus austère et de plus grand que letravail patriotique de ces deux hommes. Ils ont prouvé par leur exemple que la puissance et Ja dignité dans le pouvoir ne dépendent pas des accessoires inutiles et coûteux de la mise en scène. Pache ne voulut jamais recevoir un centime de traitement. Roland dédaignait aussi le faste. Ces deux patriotes ne croyaient qu'au travail et à la probité. Ils réorganisèrent l'administration, la dotèrent de serviteurs capa: bles et dévoués au bien du pays.

Pache, au ministère de l’intérieur, rendit des services inoubliables ; il devait en rendre de plus grands encore au ministère de la guerre. Il y fut appelé par l'influence de Danton. Le puissant tribun s'était rendu .