Les serviteurs de la démocratie

194 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE

tères sont dignes de l’universelle sympathie. À quelque parti qu'on appartienne, il y a une chose qu’on apprécie et qu'on respecte en France, c’est {a sincérité et la vaillance des convictions. Lagrange fut un vaillant et un sincère. -

Il

Ce farouche démagogue, comme on l'appelait quelquefois, était né à Paris, la ville de la raillerie, de la verve el aussi de la bonté. Destiné par sa famille à l'état de marin, Lagrange servit pendant quelque temps sur un bâtiment de guerre. On ne s'illustre pas facilement comme matelot; cependant il laissa À tous le souvenir d'une nature énergique et loyale. Son caractère indépendant, ses idées antiroyalistes l’obligèrent à quitter une profession qui, sous la Restauration, ne l'aurait mené à rien. Lagrange entra dans l’industrie. Voyageur de commerce, il utilisa ses pérégrinations pour répandre les principes républicains. Affilié aux sociétés secrètes qui existaient sur tous les points de la France, Lagrange prit part aux manifestations dirigées contre l'esprit clérical, qui signalèrent le règne de Charles X, et devint un des plus vigoureux combattants des. barricades de Juillet. Mais s’il fut à la peine, il ne fut pas à l'honneur, — à l’honneur officiel $’entend. Pas plus qu’Armand Carrel, Raspail et Littré, ses compagnons d'armes, il ne prit part à la curée des places.

Au surplus, Lagrange ne pouvait pas regarder comme une victoire l'établissement de la monarchie citoyenne. Il avait contribué à démolir un trône sans avoir la pensée d’en établir un autre. Les mots ingé: nieux de Lafayette et de Laffitte sur : « Ja meilleuré