Les serviteurs de la démocratie

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228 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE qu'on respectait le suffrage uuiversel, être venu en aide jusqu’au dernier jour à la liberté proscrite, c'est, n'est-il pas vrai, avoir servi la démocratie ?

II

Né à Paris en 1809, fils cadet du célèbre conventionnel Cavaignac, frère du célèbre publiciste Godefroy, le futur chef du pouvoir exécutif républicain se consacra de bonne heure à la carrière militaire. Dès 4824, il figure dans les rangs de l’armée comme lieutenant au % régiment du génie. Il fit ses premières armes en Grèce, dans cette guerre de l’indépendance qui provoqua un si vif enthousiasme en France. La Révolution de 1830 fut accueillie par lui comme une délivrance; mais il vit avec regret que, loin de tourner au profit de la République, elle dégénérait en monarchie citoyenne. Cependant, il resta au service du pays et alla se battre pour lui sur la terre algérienne.

La carrière d'Eugène Cavaignac en Afrique impose à tous ceux qui l’ont suivi, même à ses adversaires politiques, l'estime et le respect. Pendant dix-huit ans il donna des preuves de fermeté, de clairvoyance et d’abnégation héroïque. Il n’avait pas la bravoure éclatante et dramatique de Lamoricière, les qualités en dehors de Changarnier, l’habileté très appréciée du général Eedeau. Eugène Cavaignac était plutôt un flegmatique qui s’imposait lentement à l'admiration; mais finissait par la conquérir tout entière. Un des hommes qui l’ont le plus connu et qui, séparé par des dissidences politiques, lui ont rendu cependant l'hommage le plus complet, c'est M. le duc d’Aumale :