Les serviteurs de la démocratie

EUGÈNE CAVAIGNAC 229 « Il n'y avait pas en Afrique, a dit ce prince, trois hommes de la valeur militaire et administrative de Cavaignac. » Il possédait le grand art de commander et l'art non moins difficile d’obéir avec intelligence. Inaccessible à la fatigue, incapable de découragement et de défaillance, on le trouvait toujours prêt au devoir. Il était lent à-prendre un parti, pesant avec circonspection le pour et le contre; mais sa résolution arrêtée, il allait droit au but sans tergiverser.

Dans notre histoire militaire, l’homme auquel il ressemble le plus, c’est Coligny; il a comme lui la grandeur froide, la ténacité invincible. Malheureusement notre pays préfère à ces volontés énergiques, mais un peu sombres, les généraux à panaches. Nous aimons non seulement la victoire, mais les oripeaux et le tapage de la victoire.

La conscience simple d'Eugène Cavaignac ne lui permettait pas ce luxe! Le fier soldat s’était rendu populaire par la prise de Tlemcen et ses expéditions heureuses dans le Sahara contre les tribus révoltées. Il contribua aussi à la reddition d’Abd-el-Kader en 1847. C’est alors qu'il fut nommé commandant par intérim de la division d'Oran. À ce moment éclata en France la Révolution de 1848.

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Le parti républicain connaissait et appréciait Cavaignac. On savait que le frère du noble et généreux Godefroy était dévoué aux idées démocratiques. Personne n'ignorait qu’élevé par une mère incomparable, une des saintes femmes de la République, Eugène Cavyaignac avait profité de cette éducation exemplaire, Son avans