Les serviteurs de la démocratie
DENIS DUSSOUBS 281
plus avancés dans les élections du mois d'avril de cette même année. Son exaltation patriotique, la véhémence de ses convictions le désignèrent comme une victime à Ja réaction naissante. On l’impliqua dans les troubles de Limoges, à raison de quelques articles qu'il avait publiés dans les journaux de cette ville. Condamné pour ce fait à trois ans de prison, Dussoubs fut enfermé dans la forteresse de Belle-Isle. Mis en liberté en 1851, le vaillant journaliste se rendit à Paris auprès de son frère, Gaston Dussoubs, qué le département de la Dordogne avait investi d’un mandat législatif. C'était à la veille du Deux-Décembre.
Il
Quand le député Dussoubs apprit le lendemain matin que la constitution était violée, sa douleur fut d'autant plus grande qu'il était, par suite de maladie, dans l'impossibilité d'aller défendre, les armes à la main, - Ja République menacée. Il regardait avec tristesse son écharpe inutile de représentant du peuple, lorsque son frère Denis entra chez lui : « On se bat dans la rue, frère ; je viens t’emprunter ton titre. Donne-moi tes insignes de député, j'irai à ta place haranguer les soldats égarés el appeler le peuple à la résistance. » Gaston l’embrassa et lui-dit: — « Merci, frère, va pour nous deux au devoir ! » .
Denis partit. Il courut d'abord où l’on se battait, à Ja mairie du V° arrondissement. Là il fut douloureusement impressionné par le scepticisme de la foule et comprit alors que la défaite momentanée du droit était certaine. L'abattement ne s'empara point de lui cepen-