Les serviteurs de la démocratie
282 LES'SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE
dant, il espéra contre toute espérance. Il se dit que les droits du peuple et de la République étaient supérieurs à tout, et que s’il ne pouvait les sauver, il était beau de mourir pour eux.
Le 3 décembre, Denis Dussoubs fut blessé à la main. À partir de ce moment, il lui devint impossible de tenir un fusil. Qu'importe! ne pouvant plus être un combattant, il voulut être un porte-drapeau. Le 4, il se rendit au quartier Montorgueil, où s’élevaient plusieurs barricades, et vint se placer À celle de la rue du PetitCarreau. Là, ceint de l’écharpe de représentant du peuple, incarnant ainsi en lui, aux yeux de tous, la majesté de la loi, il s'adresse aux soldats qu’une discipline fratricide armait contre la République : « Vous n'avez pas le droit, leur dit-il, de vous servir de vos armes contre les représentants de la nation. » Il poursuivit ainsi son exhortation patriotique d’une voix émue et vibrante. Hélas! des coups de feu lui répondirent, il tomba frappé de plusieurs balles en criant : Vive la République!
III
Denis Dussoubs appartenait au journalisme. Il est impossible en rappelant sa mort héroïque, de ne pas se souvenir de ce que les hommes de la presse ont tenté pour les libertés publiques. Combien sont morts avant l'heure, victimes d'une tragique destinée. Loustalot, l’admirable rédacteur des Révolutions de Paris, apprend les massacres de Nancy et succombe, à 28 ans, à sa douleur patriotique. Camille Desmoulins expie sur l'échafaud le crime d’avoir réclamé des comités de clémence. Paul-Louis Courier meurt assassiné. Gode-