Les serviteurs de la démocratie
294 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE
République devenu général, sa mère, une ardente patriote. « J'aimerais mieux, disait-elle à son fils, te voir mort que partisan des Bourbons. »
Entré à l’École polytechnique en 1828, Charras y resta jusqu'aux approches de la Révolution de 1830. Il fut expulsé de cette école quelques jours avant les glorieuses journées de Juillet à cause de l'indépendance de ses opinions philosophiques et de la vivacité de ses convictions libérales. Admirateur de Paul-Louis Courier, ami d'Armand Carrel, disciple de Voltaire, fils reconnaissant de la Révolution française, Charras devait naturellement être hostile au monde dévot de la Restauration. Aussi s’associa-t-il avec enthousiasme à la protestation contre les ordonnances de juillet. Le polvtechnicien fit le coup de feu dans les rangs des insurgés. Ce futur soldat combattit pour la liberté au milieu du peuple. Il eut pour compagnons d’héroïsme, dans ces jours de lutte triomphante, Étienne Arago, Farcy, de l’École normale, Mignet, puis l’austère et illustre Littré qui, après avoir donné un grand exemple de bravoure, demeure, à l’égal de Descartes, une des gloires de la libre-pensée.
Malheureusement, à la suite de la victoire du peuple, il y eut le triste spectacle que Barbier a si éloquemment flétri dans la Curée. Ceux qui avaient été à la peine ne furent pas tous à l'honneur.
Charras rentra simplement à l’École polytechnique ; il en sortit lieutenant d'artillerie et occupa ses loisirs de garnison à écrire pour le National de remarquables études sur les questions militaires. M. Thiers ayant lu ces études, fut émerveillé : « Quelles belles pages substantielles et lucides publie le National, écrivait-il à un ami. Savez-vous quel en est l’auteur ? »
I n'aurait tenu qu’à Charras de mettre à profit cette