Les serviteurs de la démocratie
CHARRAS 295
sympathie si chaude, mais le soldat républicain ne voulait rien devoir à un serviteur de la monarchie. Charras continua à écrire dans le Nütional, malgré l’avertissement qui lui fut donné du danger de cette collaboration à une feuille d'opposition.
C'était son avancement qu’il compromettait déjà par fidélité à ses doctrines. Pour le jeune officier rien n’était au-dessus de la sincérité avec soi-même ct de l’apostolat de la vérité.
Envoyé en Afrique à la fin de 1841, il s’y fit remarquer entre {ous par sa bravoure, l’étendue de ses connaissances, la sûreté et la promptitude de ses décisions.
Cavaignac, Lamoricière, Bedeau faisaient le plus grand cas de son mérite. Le maréchal Bugeaud le tenait pour « un officier hors ligne ».
Grades, croix, distinctions de toutes sortes, Charras pouvait prétendre à tout, s’il avait voulu atténuer la franchise de ses sentiments démocratiques. La fierté de : son esprit ne lui permettait pas une telle souplesse de conscience. Gharrâs ne fut nommé lieutenant-colonel qu'après la Révolution de 1848.
III
À cette date un grand avenir s’ouvrait devant lui. Élu représentant à la Constituante dans le Puy-de-Dôme, il fut appelé comme sous-secrétaire d'État au ministère de la guerre, dont il remplit l'intérim, en atlendant l'acceptation du général Cavaignac. Charras se dévoua à l’œuvre de la réorganisation de l’armée. Il songea exclusivement à ses compagnons d'armes et refusa pour lui-même tout avancement. Il était entré au pouvoir