Les serviteurs de la démocratie
BARNI ; 301
patriotes qui demeureront l'honneur de l'Université française pour avoir préféré l'exil et ses angoisses à la honte de servir un gouvernement parjure. Parmi les professeurs qui, dès le début, se montrèrent ardents à faire entendre des protestations indignées contre le criminel couronné du Deux-Décembre, il faut citer M. Victor Duruy. Barni aimait à rappeler qu'ayant rencontré, au lendemain du massacre du boulevard . des Italiens, le futur ministre de l'instruction publique celui-ci s'était répandu en malédictions sur Louis-Napoléon. Cette indignation fait honneur à M. Duruy. Barni employa les loisirs forcés que lui faisait l'empire à traduire les œuvres de Kant. Il publia aussi une longue introduction au livre de Fichte sur la Révolution française et fit paraitre plusieurs articles de littérature et de philosophie dans la Revue de Paris, que dirigeaient Laurent Pichat et Maxime Du Camp. En 4861, l'Académie de Genève appela Barni à la chaire de philosophie de cette ville. La Suisse républicaine réparait les injustices de la France impériale, elle donnait asile à quelques-uns de nos meilleurs citoyens et de nos esprits les plus éminents. Marc Dufraisse était professeur à Zurich, Étienne Arago publiait dans la cité de Calvin un volume de remarquables poésies, Edgar Quinet trouvait un refuge à Veytaux; plus tard, un des professeurs marquants de l’Université française, M. Ferdinand Buisson, se rendait à Neuchatel et y conquérait une popularité mérilée en attaquant l'obligation de l’enseignement du catéchisme dans les écoles publiques. Charras enfin, l’héroïque Charras, réfutait dans la libre Helvétie la légende napoléonienne avec son beau livre sur la Campagne de 1813.
Ces consciences indépendantes rencontraient e