Lettres inédites de général G.-H. Dufour (1807-1810)

d'ouvrage ; nous dessinions la carte et courrions comme nos hussards sur tous les points du terrain pour les reconnaître et les placer exactement sur notre carte. De plus les chefs sont responsables de toutes les machines qu'on met entre leurs mains et le tout peut revenir à plus de cinq louis ; je me suis conduit de manière à n'avoir pas perdu un seul petit piquet ‘.

Je suis allé avec M"* Girard entendre prêcher M. Maron ? dans la petite Eglise Ste-Catherine, rue St-Antoine; j'aurais préféré l'entendre dans l'Eglise du Louvre parcequ'elle est plus grande et que sa voix forte y aurait été moins réfléchie et l'on aurait entendu plus distinctement son sermon. En revenant M° Girard m'a fait voir la fenêtre de la chambre que tu habitais, et où vous vous êtes amusées quelquefois ensemble ; toutes les fois que je sors je peux la voir, parceque les maisons du pont St-Michel sont abattues, il me semble que tu dois paraître à la fenêtre, mais j'ai beau regarder, je me rappelle toujours que tu es à Genève et que par conséquent tu n'es pas à Paris.

Il y a long-temps que je n’ai été rendre visite à la famille Desvignes. Je compte y aller aujourd'hui, je leur ferai tes complimens je compte voir aussi M Girard qui me donnera peut-être de tes nouvelles.

Embrasse pour moi mon oncle et mes deux cousines, mes complimens à l'Oncle et à la Tante Dufour, quand tu auras occasion de les voir, ainsi qu'à M' Girard et M. et M”° Verre. Ne m'oublie pas non plus auprès de M.et M”*° Aval et

1. « Vers la fin de la première année on nous fit faire un petit lever topogra” phique dans les environs de Paris. Je fus nommé « chef de planchette », ayant trois élèves sous mes ordres. Ce fut ma première dignité ; je crois que j'en fus plus” fier que de toutes celles dont je fus honoré depuis. Le plan que nous fimes alors est encore dans mon portefeuille. » (Souvenirs, p. 240)

2. Paul-Henri Marron, 1754-1832, pasteur, président du consistoire de Paris. « Comme orateur de la chaire, son talent n’offrait rien de fort remarquable; son débit était grave, coupé de fréquents repos, son geste saccadé et un peu raide, sa voix sonore, sa tenue très digne. Il n’excellait que dans la prière. » (Haac, La France protestante, t. VII, p. 285)