Lettres inédites de général G.-H. Dufour (1807-1810)

0 en comptant recevoir une de ses lettres que j'en ai recu une de Jaquemet qui m'a appris le dangereux état de Bonneton : deux jours après, une seconde leitre m'a instruit de sa mort; j'ai perdu en lui, un véritable ami qui est une chose bien rare et dont la perte ne se répare pas facilement.

La famille Desvignes te fait mille complimens ; je dois aller passer la soirée chez eux.

Nos occupations vont toujours croissant ainsi que la difficulté de tout ce qu'on nous enseigne; mais l’on prend du courage et de la patience en pensant que l’époque où notre destinée va être fixée, s'approche de jour en jour :; dans cinq mois et demi environ, nous aurons l'épaulette.

Je crois que si j'étais libre dans Paris, le séjour de cette ville ne me conviendrait pas du tout ; à la fin de la journée on a la tête cassée du fracas des voitures, et les jarrets rompus à force deles avoir évitées. Le seul plaisir que je croyais pouvoir prendre à Paris n’en est réellement pas un, car de visiterles Musées, on se donne le torticoli en voulant tout voiret le grand nombre de choses qu'on a sous les yeux fait qu'on ne peut presque rien voir ou du moins bien voir. Ainsi quoiqu'en dise Mme Girard, Paris ne sera jamais le séjour que je choisirai de préférence.

Combien je languis dete revoir ainsi que mon cher oncle, mon second père à qui je suis tant redevable et à qui je pense si souvent. Combien je languis de vous serrer dans mes bras et combien cette époque me paraît éloignée,

En attendant, embrasse bien des fois mon oncle de ma part; n'oublie pas les deux petites cousines et le petit, petit cousin, ce petit grenadier que je ne connais pas encore. Fais bien des complimens à nos parens, à M. et Mme Girard. Adieu ma bonne tante; je t'embrasse de tout mon

cœur.

Ton dévoué neveu

G.-H. Durour.