Lettres inédites de général G.-H. Dufour (1807-1810)

og XI Madame Fazy, D.

sur les Terreaux (Léman) Genève Metz! le 22 Xbre 1809. Ma chère Tante

Voilà bientôt deux mois que j'ai eu le chagrin de te quitter, il est tems, je pense, de te donner directement de mes nouvelles. Si je te disais que mes occupations m'ont empêché de le faire plus tôt, tu aurais de la peine à me croire, c'est pourtant ainsi. Il suffit que je n'aie que six heures de travail forcé dans la journée, pour que j'emploie tous mes momens avec beaucoup plus de courage que si j'étais forcé de travailler toute la journée.

Je trouve actuellement les jours beaucoup trop courts quoique je veille ordinairement jusqu'à dix heures auprès de mon feu.

Quand j'ai quitté Genève, j'étais bien loin de profiter de la conversation enjouée de deux belles (soit disant) que j'avais avec moi dans la voiture, elles ne m'auront pas trouvé trop galant; elles avaient je ne sais quoi dans leurs manières, qui n’était point propre à me desserrer les dents : Depuis Dôle à Besançon, j'ai fait la route tout seul, je ne me suis donc disputé avec personne dans la voiture ; de Besancon à Metz, j'ai fait une route assez agréable par des chemins de traverse dans une petite cassine avec la compagnie de deux Élèves que j'ai rencontrés par hazard dans les rues de Besancon. Nous sommes restés un jour à l'auberge, après quoi nous avons été prendre possession de nos appartemens ?. Ils consistent en trois pièces, une

1. Dufour était entré à l'Ecole d'application du génie, à Metz, à l’automne de 1805.

2. Dufour (auquel son assiduité avait valu, dès le second semestre, l’abaissesement de moitié du prix de pension, et qui, dans la seconde année, touchait 15 francs de solde par mois) n’était alors plus du tout à la charge de ses parents, qui purent employer leurs économies à rembourser les avances qui leur avaient été faites pour les études de Guillaume-Henri.