Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

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la liberté des adions , la füreté de la vie, de l’hoñneut & de la réputation ; un gouvernement enfin, où toutes les parties de l’adminiftration étoient dirigées en fens contraire aux principes de la fcience de l’économie politique. Ce ne fut donc, fire, que par des talens & des qualités perfonnelles, que quelques chefs de votre maifon turent mériter, même avant l’accroiffement de domination qu’ils ont obtenu dans ce fiècle, l’eftime, la confiance & la confidération de quelques grandes puiflances de l'Europe, qui les choïfirent pour médiateurs dans leurs traités de paix; & ce fut parce qu’ils avoient des prins cipes d'humanité, dans les fiècles barbares de Ia féodalité, que quelques peuplades voïfines fe donnèrent à eux pour qu'ils les protégeaffent contre les brigands & féroces châtelains qui les défoloïent. Ces princes, avec des états très-bornés, furent amafler des tréfors, en évitanr les dépenfes inutiles, & en épargnant fur leurs revenus; mais leur fol, d'une fertilité prodigieufe ; les auroit enrichis bien davantage , & ils auroient enrichis leurs fujets , au Heu deles appauvrir , s’ils avoient été capables d’une bonne adminiftration.

Vos ancêtres, fire, fuivirent confftamment un plan d’aggrandiffement , mais ce ne fut qu’en fe contentant d'ajouter à leurs domaines, ceux que leut donnèrent quelques potentats en reconnoiffance des fervices qu’ils Jeurs avoient rendus ; jamais îls n’eurent de plus grande vues; aucun d'eux n’eut l'ambition d’acquérir une puiflance fufifante pour n'avoir plus à craindre de forcés fupérieures ; & tous, excepté votre ayeul, fire, mandguèrent de l'énergie néceffaire pout fortir du rang inférieur que vous occupez encore parmi les fouverains.

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