Livre d'or des officiers français de 1789 à 1815 : d'après leurs mémoires et souvenirs

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défendu à ses troupes, vers 1570, de trainer avec élles des filles de joie et plusieurs fois il renouvela l’ordre. Les soldats gardèrent les filles. À la fin Strozzi se fàcha et fit noyer huit cents filles dans la Loire aux Ponts de Cé (Brantôme, VI, 132)».

Dussreux. L'armée en France, t, I, p. 408.

Ces messieurs n'étaient pas en effet de la plus grande douceur. En 1597:

« En Bretagne, à la prise de Penmarch, un chef ligueur nommé Fontenelle fit mourir dañs les tortures cinq mille paysans, fit violer toutes les femmes ét toutes les filles, brûla deux mille maisons, pilla et emporta un immense

butin. » Dussreux. L'armée en France, t. I, p. 408.

Et il en fut toujours ainsi! Si, en temps de guerre, les soldats pouvaient piller à leur aise, en temps de paix, ils passaient assez agréablement leur temps. Bayard et les hommes d'armes en garnison à Aire, en Picardie « se délectaient tous les jours à essayer leurs chevaux et à faire banquets aux dames, où entre autres, le Bon Chevalier fit trés bien son devoir (x) ».

Sous Louis XIV, parlerons-nous des dragonnades ?

« Les soldats, chargés de prendre soin de la conscience de leurs hôtes, se livrèrent avec joie aux licences qu’on leur permettait, ils se mirent à chauffer (2), tenailler, et suspendre par les pieds les femmes et les hommes, ils leur soufflaient de la fumée de tabac dans le nez, et, en se relayant, d’après le conseil de l’intendant Foucault, ils empêchaient, par leurs cris et leurs jurements, le sommeil de leurs victimes jusqu'à ce qu’elles succombassent à la fatigue. »

Josez. La France sous Louis XV, t. I, p. 79.

(x) Le Loyal Serviteur. Histoire de Bayard.

(2) Brnorr, Histoire de l'Edit de Nantes, t. Ill, 833. Voir dans l'article Migault (de la France Protestante, de MM. Haag), la manière dont on exposa la femme Migault, qui relevait de couches, à un foyer ardent; voir aussi les tortures infligées à Pineton de Chambrun,t. VII, p. 416; t. VII, p. 246.