Livre d'or des officiers français de 1789 à 1815 : d'après leurs mémoires et souvenirs

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« On peut se faire une idée du désordre et des excès d’une soldatesque sans frein lâchée au milieu des manufactures et des riches magasins des commerçants protestants. Les soldats mettaient en pièces les meubles qu’ils ne pouvaient emporter, volaient tout ce qui était à leur convenance, faisaient coucher leurs chevaux sur des draps de toile de Hollande, sur des ballots de coton, de laine ou de soie. »

Josez. La France sous Louis XV, t. I, p. 8r.

Et nous ne citerons que pour mémoire l'invasion du Palatinat : « Il y a des renommées qui trompent; on ne sait pas pourquoi de certains généraux, grands d’ailleurs, ont été si populaires. Turenne était adoré de ses soldats parce qu'il tolérait le pillage; le mal permis fait partie de la bonté; Turenne était si bon qu’il a laissé mettre à feu et à sang le Palatinat (1). »

Sous Louis XV, « … le soldat est indiscipliné, pillard, maraudeur; il pille les magasins de l’armée, commet des meurtres : la maréchaussée elle-même à l’occasion détrousse les voyageurs. L'administration n’est pas mieux organisée. On vole partout; en Canada, le pillage et la concussion atteignent des proportions inconnues ; le maréchal de Richelieu est une des hontes de ce temps ».

DussiEux. L'armée en France, t. II, p. 304.

Et M. de Saint-Germain, après la bataille de Rosbach, écrivit à son ami Päris du Verney : « Je conduis une bande de voleurs, d’assassins à rouer. »

C’est que, en effet, si on recrute, le plus souvent à la suite de libations réitérées, d’honnêtes jeunes gens qui ont lu sur tous les murs de la capitale des affiches telles que celle-ci :

A LA BELLE JEUNESSE ARTILLERIE DE FRANCE CORPS ROYAL RÉGIMENT DE LA FÈRE COMPAGNIE DE RICHOUFFLZ De par le Roy,

Ceux qui voudront prendre part dans le corps royal de

(1) Y. Hugo. Les Misérables, IL, 1.