Livre d'or des officiers français de 1789 à 1815 : d'après leurs mémoires et souvenirs

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soldats les ouvraient d’un coup de fusil dans la serrure : c’était le moyen le plus expéditif. » GÉNÉRAL DE NAYLIES, Mémoires, p. 181.

Et quand on ne peut faire sauter les serrures, on procède autrement :

« À Ombriano... Toutes les femmes de la paroisse avec leurs ‘plus belles toilettes s'étaient réfugiées dans l’église à l'arrivée des Français et s’y étaient renfermées. Les soldats, furieux de ne pouvoir abattre les portes, entrèrent dans la sacristie, et, trouvant solidement attachée la porte qui ouvre sur l’église, tirèrent des coups de fusil dans la serrure, espérant la faire sauter. La serrure n'ayant pas cédé, les soldats montèrent au nombre de trois sur la toiture, d’où, en brisant une petite fenêtre, ils se laissèrent glisser dans l’église et en ouvrirent les portes à leurs camarades. L'église fut bientôt envahie par les grenadiers qu’accompagnaient deux soldats à cheval ; les femmes épouvantées jetaient des cris lamentables, mais il leur fallut, au milieu des évanouissements et des brutalités de toutes sortes, livrer tout ce qu’elles avaient emporté avec elles de précieux. Après quoi les Français firent main basse sur trois calices, deux ciboires, des galons et des franges d’or, tout le linge sacré, et brisèrent les troncs. »

Trorarp. De Montenotte au Pont d’Arcole, p. 130.

Tout cela est admis par les généraux. Le général de Marus estime qu’une armée qui vit sur le pays ÿ gagne en rapiité :

« Les armées de Napoléon, une fois qu'elles étaient en campagne, ne recevaient de distributions que fort rarement, chacun vivant sur le pays comme il pouvait. Cette méthode avait un avantage immense, celui de nous permettre de pousser toujours en avant, sans être embarrassés de convois et de magasins, et ceci nous donnait une très grande supériorité sur les ennemis, dont tous les mouvements étaient subordonnés à la cuisson ou à l’arrivée du pain, ainsi qu’à la marche des troupeaux de bœufs, etc. »

GÉNÉRAL MarBoT,. Mémoires, t. I, p. 289.