Livre d'or des officiers français de 1789 à 1815 : d'après leurs mémoires et souvenirs

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— Tu tes bien battu ?

— Oui.

— Sois en repos, mon vieux; le ciel est fait pour les braves comme toi. En route pour le Paradis !»

Major DE SARREPONT, Chants ei chansons militaires de la France.

De la part de tels hommes, qui peuvent gagner si facilement le Paradis, on devait s'attendre à tout. Et comme ils traitaient les richesses de l'étranger, les femmes de l'étranger, is traitaient les nègres, même lorsque ceux-ci étaient au service de la France.

« À Saint-Domingue. il y avait dans la garnison du Cap quelques bataillons nègres dont les rangs s’éclaircissaient tous les jours par la désertion. Ils faisaient concevoir des craintes ; d’un autre côté, les renvoyer était ajouter au nombre de nos ennemis ; alors on prétexta une expédition ; on les embarqua ; les navires mirent à la voile, et, à peine au large, chaque homme fut lancé à la mer avec un boulet ramé qu’on avait eu préalablement la précaution d’attacher aux pieds des victimes. 11 faut en avoir été soi-même témoin pour croire à de pareilles atrocités.

LEMONNIER-DELAFOSSE. Campagne de Saint-LCominrgue, t.T, p.64. Quant aux prisonniers... |

« J’ai vu rouer de coups et laisser presque mort un prisonnier autrichien qui avait volé un morceau de pain sur le sac d’un soldat qui dormait. Il était bien excusable cependant, parce qu’on m'avait fait aucune distribution aux prisonniers depuis qu’ils étaient dans l'ile [Lobau]. J'en vis qui mangeaient de l’herbe, et d’autres qui râclaient avec un couteau les os de cheval que nos soldats avaient abandonnés après en avoir Ôté la viande.»

FRÉDÉRIC-MassoN. Aventures de guerre, p. 147.

En présence de toutes ces atrocités, on se demande ce qu'avaient bien pu faire les soldats que l’on était obligé de usiller, comme ceux-ci : « 24 avril, an IV. — On fusille demain des soldats et un caporal qui ont volé des vases dans une église. Il a été commis des horreurs qui font frémir. »

Corresp. Napoléon Ier, t. I, p. 218.