Livre d'or des officiers français de 1789 à 1815 : d'après leurs mémoires et souvenirs

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lées. Sous l'Empire (et l’Empereur passait quelque chose à ceux qui lavaient leur faiblesse avec un baptême de sang), le duc de Bellune, le général Andréossy, l’intendant général Sicard et tant d’âutres auraient figuré devant un Conseil de guerre, ou bien tous les traitants de l’armée, ÿ compris les généraux qui s'étaient faits traitants, auraient été passés par les armes. Sous la Restauration, les choses s’arrangèrent le mieux du monde : le manteau de la gloire arriva à la fin d’une phrase et tout fut dit.

(MUSNIER-DESCLOZEAUX, Indiscrétions, t. IL, p. 260.)

Au milieu de ces tergiversations, les ordres de l’Empereur n'avaient pas été exécutés, et les deux maréchaux Victor et Oudinot craignaient le danger personnel attaché à cette désobéissance; il leur importait beaucoup de la justifier, mais il leur était fort diflicile de trouver des raisons plausibles et surtout de s'entendre ensemble. Dans cet embarras, ils feignirent de se donner une preuve de confiance et se communiquérent leurs Tapports, dont ils parurent réciproquement satisfaits. Mais, rentrés chez eux, ils se hâtérent de les refaire, et, dans ce nouveau travail qui fut envoyé à l'Empereur, ni l’un ni l’autre n’oublia de se justifier aux dépens de son collègue, et de le charger de tous les torts qui avaient fait échouer l’entreprise. Napoléon, en recevant ces rapports à Orche, ne sut trop que penser de leur contradiction; cependant, comme il avait plus de confiance en Oudinot, il ajouta foi en son récit, et dit au colonel qui en avait été le porteur : « N'est-ce pas que c’est Victor qui n’a pas voulu se battre? J’en étais sûr! »

Je tiens le fait du général Letellier,

(Général BErTHEzÈNE, Souvenirs, t. IL, p. 101.)