Livre d'or des officiers français de 1789 à 1815 : d'après leurs mémoires et souvenirs

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Le Maréchal VICTOR (1)

Le général Lemoine, ainsi que le général Victor, fut convaincu de vols, etc.

(V. les généraux LEMOINE et THIÉBAULT, Mémoires, t. V, p. 28.)

En 1807, le maréchal Victor reçoit de Napoléon Ier 200,000 francs en argent et 200,000 en rentes sur l’Etat.

(Correspondance de Napoléon Ie, t. XVI, p. 53.)

Victor fut fait maréchal, non par le fait de son mérite, mais grâce à une véritable fantaisie du maréchal Lannes, bien loin de penser sans doute que, par cette élévation, il créait pour l’avenir une âme damnée de Louis XVIII. C’est Victor, en effet, que l’on fit ministre de la Guerre lorsqu'on voulut un exécuteur aveugle des hautes œuvres préméditées contre les débris des armées de la République et de l'Empire.

(Général THIÉBAULT, Mémoires, t. III, p. 362, note.)

Le maréchal Victor, duc de Bellune, reprochait un jour à un officier d’être venu à Paris sans permission et l’interpellait vivement sur les motifs de son voyage.

L'officier n'avait aucune bonne raison à alléguer : « Que voulez-vous, monsieur le Maréchal, dit-il : Amour, tu perdis Troie.

«— Eh bien! monsieur, reprit vivement le maréchal, prenez garde d’être le quatrième. »

(Musnier-DEScLOZEAUX, Indiscrétions, t. IL, p. 243.)

Sous le Directoire (et on volait de ce temps), une affaire comme celle d’Ouvrard (2) aurait paru si monstrueuse que dix personnes au moins auraient été fusil-

(1) Duc de Bellune.

(2) Fournisseur militaire. Par un article de son traité il s'était réservé la faculté de prendre dans les magasins de l’Etat les denrées qui s’y trouvaient, de s’en emparer au prix d’estimation, et de les livrer ensuite à l’armée au prix fixé par son marché d'urgence !