Lord Castlereagh et la politique extérieur de l'Angleterre de 1812 à 1822

TEE.

LA CONFÉRENCE DE PARIS ET LE CONGRÈS D’AIX-LA-CHAPELLE.

L.

Je n’ai encore raconté que les trois premières des dix années du ministère de lord Castlereagh. Pendant cette période, les faits éclatans, les catastrophes retentissantes, ce qu’on appelle les coups imprévus de la fortune, s’étaient succédé avec une rapidité sans exemple. L’époque que j'ai maintenant à retracer présente un tout autre caractère. Les événemens y sont moins accumulés, l’action de la force matérielle y occupe moins de place, et une plus large part y est faite, au moins en apparence, aux calculs de la prévoyance humaine. L’êre des grandes guerres et des conquêtes était fermée pour longtemps, pour beaucoup plus longtemps que personne ne le supposait alors. On entrait dans une nouvelle sphère d’activité, celle des négociations, des innovations constitutionnelles, des luttes parlementaires, des développemens du commerce, de l’industrie, du crédit public, toutes choses difficiles à concilier, au gré de certains esprits, et qui cependant, depuis quarante années, ont marché presque simultanément dans la plus grande partie de l'Europe. Si je ne me trompe, cette phase nouvelle de l’histoire, si différente de celle qui l'avait précédée, n’est pas, pour les esprits sérieux et réfléchis, d’un intérêt moins puissant. Je vais essayer d’en esquisser le tableau en continuant à puiser mes matériaux principaux dans la correspondance de lord Castlereagh.

Les traités de Paris et de Vienne, en réglant la situation générale de l’Eyrope et l’état de possession des divers gouvernemens, avaient laissé à déterminer quelques points de détail sur lesquels on n’avait pu s'entendre immédiatement, par exemple la délimitation du royaume de Bavière. L’Autriche s'était réservé de demander à la cour de Munich certains échanges territoriaux qu’elle jugeait néces-