Lord Castlereagh et la politique extérieur de l'Angleterre de 1812 à 1822

108 CONFÉRENCE DE PARIS ET CONGRÈS D'AIX-LA-CHAPELIE.

saires pour l'établissement de sa frontière. Cet arrangement, où intervinrent les grandes puissances qui s'étaient placées à la tête de l’alliance européenne, ne se termina pas sans beaucoup de difficultés et de temps. La Bavière, qui, en accédant, en 1813, à la grande coalition, avait formellement stipulé le maintien de la contiguïté de diverses parties de son territoire, ne put obtenir que ce principe fût respecté; elle parut un moment vouloir opposer la force à l'injustice dont elle était l’objet, mais elle finit par se résigner à la nécessité. Le parti militaire, qui exerçait alors à Vienne une grande influence et dont les conseils l’emportèrent, dit-on, en cette circonstance sur la politique plus modérée de M. de Metternich, était résolu à ne pas céder, et la question en elle-même n’avait pas assez d'importance pour que les autres grandes cours crussent devoir appuyer à tout prix le droit incontestable de la Bavière. .. La grande affaire de l’Europe à cette époque, c'était encore la situation de la France. Pouvait-on espérer que la royauté des Bourbons s’y affermirait assez pour mettre le pays à l'abri de nouveaux - bouleversemens, maintenir la paix au dehors aussi bien que la tranquillité intérieure, et assurer ainsi aux autres états le repos dont ils avaient tant besoin? Tel était le problème qui se présentait à tous les - esprits et qu'ils étaient loin de résoudre tous dans un sens affirmatif. L’anxiété était d'autant plus grande qu’un nouveau motif d’inquiétude venait de se joindre à tous ceux qui existaient déjà. Jusqu'alors les craintes n'avaient porté que sur la force et la persistance des passions révolutionnaires et bonapartistes et sur les inimitiés implacables qu'elles suscitaient à la maison de Bourbon. Ces passions n'avaient certes pas cessé d'exister; mais, comprimées maintenant sous le poids de l’indignation presque universelle qui poursuivait les auteurs du 20 mars, contenues par les mesures exceptionnelles et rigoureuses du gouvernement royal, elles avaient laissé le champ libre aux exagérations du parti contraire, et ce parti, maître enfin du pouvoir après vingt-cinq années de souffrances et d’humiliations, semblait à son tour prendre à tâche de compromettre par ses vengeances odieuses, par ses prétentions insensées, le trône dont il se disait, dont en effet il était l'ami. Les w/{ra-royalistes, c'est le nom qu'on ne tarda pas à donner à ces hommes imprudens, dominant à la cour, investis des principales fonctions publiques, réunissant la majorité des voix dans la chambre des députés, dont les membres venaient d’être élus au milieu de circonstances peu faites pour favoriser la libre expression de l'opinion publique, les ultra-royalistes se livraient contre leurs adversaires à une violente et terrible réaction. Le sang des bonapartistes ou de ceux qu’on désignait comme tels coulait dans les départemens du midi sous le fer des assassins; l’écha-