Lord Castlereagh et la politique extérieur de l'Angleterre de 1812 à 1822

LORD CASTLEREAGH ET LA SECONDE RESTAURATION. AE

Joniennes, qui n'avaient pas encore été placées sous le protectorat britannique, parlait de les réserver comme une indemnité à accorder aux Bourbons de Sicile dans l’hypothèse où Murat resterait à Naples. La persévérance du gouvernement français, qui ne cessait d’insister pour la restauration de la branche napolitaine de la maison de Bourbon, finit cependant par prévaloir, comme elle avait prévalu dans la question de Saxe. L’Autriche, ainsi que l'avait prévu lord Liverpool, se laissa amener à accepter un projet qui consistait à offrir à Murat, pour prix de son abdication volontaire, de larges immuanités pécuuiaires dont la France devait faire les frais. En cas de refus, on aurait eu recours à la force; mais avant qu’on eût pu faire les démarches qui devaient en précéder et en motiver l'emploi, Murat, comprenant qu’il n'avait plus rien à attendre, pour le maintien de sa royauté, des moyens de conciliation, s’était décidé à prendre les armes, appelant les Italiens à secouer le joug de l'Autriche et à reconquérir leur indépendance. On sait le résultat de cette tentative désespérée, qui lui enleva en quelques semaines le trône auquel il ayait fait de si pénibles sacrifices et bientôt après lui coûta la vie.

Lorsque ces graves événemens s’accomplirent, le retentissement s’en perdit en quelque sorte dans le tumulte des orages auxquels l'Europe était de nouveau livrée : le 20 mars avait rallumé la guerre universelle.

J'ai dit que la satisfaction presque générale qu'avait d’abord produite en France la restauration de l’ancienne royauté ou, pour mieux dire, le retour de la paix n’avait pas été de longue durée. Tant de fonctionnaires, de généraux, d'officiers dont la carrière se trouvait brisée et la fortune détruite par la perte de leurs emplois et de leurs dotations, ne pouvaient manquer de former bientôt une masse de mécontens, un uoyau d'opposition formidable. À ce danger, qu'on aurait pu atténuer, mais non pas prévenir d’une manière absolue, les fautes du gouvernement français et de ses amis en ajoutèrent bientôt de plus considérables encore. On inquiéta, par des imprudences plus encore que par des hostilités préméditées, des opinions et des intérêts qui, depuis vingt-cinq années, étaient devenus trop puissans pour que le soin de les rassurer ne dût pas être la principale préoccupation du pouvoir; on donna lieu de croire que. cette charte proclamée avec tant d’apparat comme la garantie de ces intérêts, comme le pacte de conciliation de l’ancienne France avec la nouvelle, n’était, dans la pensée des conseillers du trône,