Louis XVI et la Révolution

7 EE Vas

204 LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION.

devient médiocre dans un discours médité et lu, sur une grave question : il dénote en effet un esprit superficiel et mesquin, plus préoccupé d’un petit succès d’amour-propre que de l'intérêt grave du pays. On trouvera de bien mauvais goût cette description du trésor royal, au retour de Necker : « Quatre cent mille franes, c’est-à-dire les fonds nécessaires à la dépense de l’État pour un quart de jour, soupiraient sans espoir au milieu du vide immense des caisses publiques. » Mais il y a pis : le coupable n’a pas droit à la moindre circonstance atténuante, puisqu'il cite en note, en faisant du reste un vers faux, le texte d’où il a tiré cette belle image :

Deceplus et exspes Nequicquam fundo suspiraret nummus in imo.

Et c’est un économiste qui se livre à cette mauvaise plaisanterie, c'est Dupont de Nemours. Bientôt les constituants sentent le ridicule de pareils procédés. L'abbé Maury, qui a un faible pour ce genre, commence ainsi, en défendant des généraux soupçonnés : « Vous savez qu'Annibal, après la bataille de Zama.. » Il est interrompu aussitôt par des murmures, et rappelé à la question. C’est à peine si on lui permet de remonter jusqu’au maréchal de Luxembourg. Prugnon encore, discutant le 2 mai 1790 l'établissement des cours d'appel, a la mauvaise idée de débuter ainsi: « Un ancien disait que le Jupiter Olympien de Phidias... — Un mouvement de l’Assemblée empêche d'entendre le reste de la phrase. » À partir de ce moment, la Constituante renonce presque entièrement à ce procédé vieilli. Bien entendu, on en pourrait encore trouver des exemples par la suite; mais ils sont bien rares désormais.

Ce que l’on préfère, c’est la logique, la preuve mise en forme : le raisonnement favori, l’argument oratoire par excellence, c’est le dilemme. Un des exemples les plus curieux est ce raisonnement de Rœderer, le 7 mai 1790, à propos de la