Louis XVI et la Révolution

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souvent les oreilles. — La dernière phrase du discours de M. de Lally excite quelques murmures. » Et malheureusement c'est Lally qui a raison. On finit par constituer de pièces et de morceaux une orthodoxie politique, qui, comme toutes les orthodoxies, conduit au fanatisme. En attendant que l'on s’entre-guillotine au nom des principes, c’est au nom des prin-

cipes que l’on perd quelquefois le sens de la réalité. Si parfois l'Assemblée a péché de ce côté, si elle n'a pas, dans sa constitution, fait preuve toujours d’un sens très # pratique, nous devons nous garder de lui jeter la pierre. Combien de constitutions avons-nous usées, depuis la première ? Les constituants n’ont pas trouvé la perfection, c’est certain; mais ils l'ont cherchée avec une incontestable bonne volonté. Ce qui frappe en effet dans les interminables débats de notre première Assemblée, c’est la patience avec laquelle les constituants écoutaient les plus interminables harangues. Les discours sont généralement longs. Le A septembre 1789, Mounier en prononce un, qui dure largement une heure. Un jour, le 1% août 1789, au moment où l’on se plaint que l'attention soit déjà fatiguée par un long défilé de discours, le président annonce qu'il y a encore, sur la même question, quarantesept orateurs inscrits. Il est vrai qu'il est question de la Déclaration des Droits de l’homme. Mais les constituants n'attachaient pas de prix aux seules discussions politiques ou sociales : ils accordaient même une préférence méritoire aux discours d’affaires. Tronchet, qui est en train, le 5 janvier 1791, d'étudier très sérieusement cette question ardue, «l'instruction, devant , le jury de jugement, doit-elle être écrite ou non? » Tronchet s’interrompt au bout de quarante-cinq minutes : « Je crains, messieurs, de fatiguer votre attention... — Plusieurs voix : Non! Non! Applaudissements.) » Et Tronchet continue. Même pour des questions plus techniques encore, la patience d'écouter est inépuisable. L'Assemblée entend « avec une satisfaction marquée » un long rapport sur le desséchement des marais.