Louis XVI et la Révolution

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est obligé de demander le renouvellement des mandats. On sait du reste, par les élections de la Législative, que les conservateurs n'avaient rien à gagner à de nouvelles élections générales.

Les aberrations de ce parti doivent tenir à de certaines fatalités congénitales : lorsqu'il se sent vaincu, son suprême et funeste espoir est de faire sortir l’ordre du désordre. Les agitations de la rue, les cris aux portes de l’Assemblée, paraissent d'excellents arguments pour la droite, qui exploite les tumultes de l'extérieur au profit de son opposition du dedans. Le 4 janvier 1791, pendant que les évèques refusent le serment à la tribune, la foule est très bruyante autour du Manège : la droite souligne ce tumulte et le marquis de Saint-Simon déclare, au nom de ses commettants, que l’Assemblée n’est pas libre. Quand l'agitation ne se produit pas spontanément, la contrerévolution a des moyens sûrs pour la faire naitre. Dans la séance du 3 août 1790, Martin, député de Besançon, dénonce une manœuvre infâme, mais habile : on a répandu dans toute l’armée une lettre incendiaire ayant pour titre : Lettre écrite par M. Al... de L..... à ses correspondants, dans les différentes garnisons du royaume, et trouvée parmi les indices recueillis à Perpignan par M. le V..... de M... sur les auteurs de l'insurrection du régiment de T......….. — On veut faire croire que Lameth a trempé dans la révolte de Touraine, le régiment du vicomte de Mirabeau ; on a découvert vingt-trois exemplaires de ce pamphlet dans le porte-manteau d’un officier noble. Un parti qui emploie de pareils moyens se juge. La perfidie est l'arme du faible. Leur faiblesse ne peut même pas exciter la pitié, parce qu'elle est trop disproportionnée avec l’entreprise qu'ils tentent. La contre-révolution n’est pas autre chose qu’un effort pour supprimer presque toutes les conquêtes de 1789, pour revenir purement et simplement à l’an de grâces et de pensions 1788 ; Ferrières l'avoue : « Les grands seigneurs, les parlements ne voulaient pas de la Constitution,