Louis XVI et la Révolution

LA CONSTITUANTE. 217

quelques adoucissements qu’on pût y apporter : il leur fallait tout l’ancien régime. » : un document, lu le 29 septembre 1790 à la tribune, le prouve; c’est Duval, ci-devant d'Eprémesnil, qui a l'honneur de proclamer les intentions de la contre-révolution : les communautés religieuses sauveront leurs biens, en donnant d’un coup quatre cents millions, et, pendant dix ans, un subside pécuniaire « qui sera fixé de concert entre elles et le roi. La justice reprendra son cours. Tous les anciens droits, à l'exception de ceux de gabelles et de francs-fiefs seront perçus comme par le passé. Le décret qui prescrit l’aliénation des domaines de la couronne sera regardé comme non avenu. » Duval ajoute, il est vrai : « Tous les privilèges péeuniaires demeureront abolis. » Mais les droits utiles et honorifiques ne le seront pas, « à l'exception des servitudes personnelles ». C’est done simplement promettre l'égalité devant l'impôt, c’est-à-dire devant le roi, et l'inégalité devant le seigneur. Enfin, détail qui a bien son importance : « l’Assemblée en sortant de chez le roi, ira porter ses respects à la reine. » La gauche éclate de rire : elle renvoie le projet au comité de santé, ou d’aliénation, et son auteur à Charenton. Cazalès et Maury défendent l’orateur : les leaders des privilégiés appuient la proposition, la droite la soutient. Cette équipée de Duval et de son parti est ainsi appréciée à la tribune par M. de Montmorency : « Je voulais dire que le délire et la folie pouvaient seuls excuser un projet qui mériterait toute la sévérité de l’Assemblée ; on ne peut mieux faire que de passer à l’ordre du jour, en témoignant le plus profond mépris pour la motion et son auteur. »

Dès le 22 octobre 1789, le baron de Staël-Holstein déclare que le parti des aristocrates « est à peu près le plus méprisé et le plus méprisable de tous ». Le nom même est en telle exécration que ceux qu'il désigne le repoussent : Vaudreuil écrit au comte d'Artois, le 30 octobre 1790 : « Renvoyez ce titre odieux d’aristocrate à ceux qui le méritent, à ces douze cents