Louis XVI et la Révolution

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tyrans, à ces La Fayette, à ces Bailly, à ces municipalités qui en ont usurpé la puissance. » Un seul fait montrera comment le parti de la noblesse avait su accumuler tant de haines contre lui: dans son Journal, Morris écrit, à la date du 4 avril 1791 : « Fait visite à M®° de Nadaiïllac. Là, je suis amené à une disCussion w peu vive avec son mari; parmi d’autres propositions ridicules, comme en dicte la folie aristocratique, il exprime le désir d’un démembrement de la France. » L’aristocratie va. entrainer dans sa déconsidération le pouvoir lui-même, car elle se rallie sans cesse au trône, dit le baron de Staël, et environne la reine en particulier. Encore n’est-elle pas très respectueuse pour la monarchie. Si le roi, qui n’est plus que le complice de sa noblesse, refuse par hasard d’épouser sa querelle, fût-ce pour le plus petit détail, on lui répond par des avanies et des insultes publiques. Le 4 février 1790, le représentant le plus en vue de l'extrême droite, le vicomte de Mirabeau, casse solennellement son épée sur son genou dans les couloirs de l’Assemblée, en prononçant le mot connu :

« Lorsque le roi brise son sceptre, ses serviteurs doivent briser leur épée. »

$ 6. — LE CLercé.

Les évêques ne tiennent pas du tout à briser leur crosse. Au contraire, ils reprennent sur une partie du bas clergé, vers la fin de la Constituante, l'influence qu'ils avaient perdue au début. Leurs ‘fautes sont compensées par les fautes de la gauche.

À la procession des états, on voit les deux clergés se séparer. Réunis matériellement dans la même chambre, ils sont divisés moralement : « La chambre du clergé, dit Ferrières, presque entièrement composée de curés, détestait également les évêques et la noblesse. » A l’Assemblée, l’antagonisme éclate, Quand Target propose, le 1* juillet 1789,