Louis XVI et la Révolution

LA CONSTITUANTE. 219

d'envoyer quatre évêques au roi, «les curés regardent comme injurieuse une députation prise parmi les prélats ». Pour eux, la Révolution a supprimé les distinctions dans l'Église : « Il n’y a pas de haut clergé, dit le 24 juillet le curé Thibault, il n'existe qu’un ordre du clergé. »

Les simples prêtres montrent d’abord un véritable désintéressement pour la question d'argent. Jallet, curé de Chérigné, admet, le 31 octobre 1789, que la nation a le droit de disposer des biens ecclésiastiques, sinon comme propriétaire, du moins comme souverain : « Je ne conçois pas, dit-il, qu’une propriété puisse appartenir à un corps, encore moins au grand corps de la nation. Le souverain ne peut posséder des biens, mais il peut présider à leur usage, et en régler la destination. Ce n’est donc pas comme propriétaire, c’est comme souverain que la nation disposera des biens du clergé... Je propose de décréter les articles suivants : Article premier. — La nation, à raison du droit de souveraineté, peut et doit faire l'application des biens ecclésiastiques de la manière la plus avantageuse à la société. » Un certain nombre d’abbés appuient, le 20 avril 1790, l'expropriation du clergé. L'abbé de Montesquiou propose même, le 13 février, de décréter que la loi ne reconnaïîtra plus les vœux monastiques. Les députés-prêtres sont soutenus quelque temps par les adresses de leurs commettanis de province. Sans doute ces curés patriotes n'étaient pas très nombreux, Mirabeau le reconnaît dans un discours du 26 novembre 1790 : « Le nombre des prêtres vraiment citoyens est si petit, que leur zèle pour la Révolution les a fait remarquer dans toute la France, et les met encore en butte aujourd’hui à la haine et aux injures de leurs implacables confrères. » Ïls ne sont guère que trois cents, isolés, et de plus les prêtres de la paroisse de Saint-Sulpice, ceux de la vallée de Grésivaudan, tous ceux de Libourne, du district de Nemours, presque tout l’Allier, le clergé d'Orléans, y compris l’évêque. Ils ont le courage pourtant d'appuyer publiquement les curés