Louis XVI et la Révolution

LA CONSTITUANTE. 221

9 août 1789; Delandine propose d'imposer le clergé de deux millions par an, de prélever à chaque mutation un droit d’annate sur les bénéfices simples, et de donner à la nation les pensions dont sont grevés les grands bénéfices, les évêques de Langres, de Nimes et d’Autun se lèvent avec vivacité, et, en leur nom, l’archevèque d’Aix, Le Franc de Pompignan, s’écrie : « La démarche à laquelle M. Delandine nous invite honorerait infiniment le clergé. Je m’empresse de publier ses vœux : c’est un devoir, c’est un sentiment naturel qu'il me charge de vous exprimer, et nous allons nous retirer pour délibérer sur les moyens. » Le 26 septembre, l'archevèque de Paris, Le Clerc de Juigné, accepte en principe la vente des ornements d'église qui ne sont pas indispensables au culte. Mais, il faut bien le reconnaître, ces illustres exceptions sont peu nombreuses. La vente des biens du clergé détache secrètement de la Révolution un certain nombre d’ecclésiastiques qui n’osent pas avoir l'air trop attachés à des biens périssables, mais qui, au fond du cœur, guettent une occasion de prendre leur revanche.

Après le A août, quelques membres du clergé essayent de rattraper ce qu'ils ont laissé échapper : leur main gauche ignore ce que leur droite a donné, et veut le reprendre. Dès le 6 août, cette campagne commence, d’abord cachée. Si, le 11 août, l’admirable archevêque de Paris s’en remet entièrement, au nom de son ordre, à la générosité de la nation; si, le 43 août, le clergé sanctionne officiellement les paroles du prélat, dès le 11 avril 1790, on sent que l’irritation des ecclésiastiques est au comble, qu’ils n’attendent qu'une dernière mesure pour se considérer comme persécutés, et éclater. Charles de Lameth prétend que « pendant la quinzaine de Pâques on n'a pas craint d’abuser des choses les plus sacrées pour égarer les peuples » ; l'évêque de Clermont, M. de Bonnal, répond : « Je n’ai qu'une observation à faire : je dois à la religion de la représenter. Si l’on continuait ainsi à supposer