Louis XVI et la Révolution

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maintenant que les sacro-saintes propriétés sont en grand péril.

Tandis que les prêtres les plus nobles et les plus courageux se groupent autour du brave curé d'Embermesnil, Grégoire, et prêtent le serment conforme à la constitution civile du clergé, les timides, les tièdes hésitent, puis reculent. Ils savent que leur Église rejette de son sein ceux qui osent s’assermenter, et leur refuse la confession ; le 7 janvier 1791, l'abbé Royer raconte qu'avant de l’entendre dans le tribunal de la pénitence, son confesseur lui a demandé s’il était membre de l’Assemblée. — Qui, lui dis-je. (Murmures.) M. Bouche. Taisons-nous et écoutons. — M. l'abbé Royer. Mon confesseur me demande si j'avais prêté le serment. — Oui, répondis-je. Il me demande ensuite si je voulais le rétracter. — Non, répliquai-je. — Eh bien! me dit-il, je ne puis vous entendre. (Murmures et rires à gauche. — Applaudissements à à droite.) — Ni mon honneur, ai-je continué, ni ma conscience ne m'obligent à faire ce que vous me dites. Je puis rester en conséquence dans mes principes; cela ne vous regarde en aucune manière, et je vous rends, ainsi que les évêques, responsable de tous les maux qui peuvent résulter de cette résolution. »

Que devait faire la gauche en pareil cas? Où était véritablement l'intérêt général? Quoique la Constituante fut incontestablement dans son droit en demandant aux prêtres français de ne pas être hostile à la Constitution française; quoiqu’elle ne violàt aucune liberté respectable en exigeant d’un Français qu'il fût avant tout Français, et qu'il ne fit point passer ses obligations internationales avant ses devoirs nationaux, il eût été peut-être plus prudent et plus sage de ne pas offrir à des gens, blessés dans leurs intérêts particuliers, un prétexte spécieux à la résistance au nom des intérêts généraux du dogme et de l’orthodoxie. Ne voulant pas paraitre des propriétaires mécontents, lésés dans leur fortune, les ecclésiastiques