Louis XVI et la Révolution

LA CONSTITUANTE. 225

préférèrent passer pour des martyrs, persécutés dans leur foi. Montlosier trouva pour eux l’antithèse célèbre : « Si on leur ôte une croix d’or, ils auront une croix de bois; el c’est une croix de bois qui a conquis le monde. » Remarquons que l’Assemblée accordait aux prélats des traitements de douze mille et de vingt mille livres : ce n’était pas encore la misère. Mais l’ancienne humilité, le renoncement de jadis avaient singulièrement disparu. Sauf de glorieuses exceplions, ce libéral clergé de France, dont on doit admirer les cahiers, n'existait plus comme armée, Il ne soufflait plus mot : mis en déroute, dispersé, il se reformait derrière ses évêques. IL devenait impitoyable pour tous ceux qui l'avaient abandonné un instant. En son nom, l'abbé Maury humiliait, d’après Ferrières, ceux qui voulaient se rallier : « Il ne nous reste plus qu’à nous jeter entre vos bras, dit un Jour le marquis de Gouy d’Arcy à quelques nobles en présence de l'abbé Maury. — Dites à nos pieds, répondit durement l'abbé. » Le clergé ne souhaite plus que la répression de la Révolution par la force, comme l’avoue Georgel : le jésuite ne regrette qu'une chose, c'est qu'après le banquet des gardes du corps on n'ait pas lâché ces soldats ivres sur l’Assemblée. Le temps était proche, où dans ses Pensées d’un amateur de la vérité sur les affaires présentes, le fils de Montesquieu, Secondat, allait écrire : « La cupidité du clergé enfanta la superstition: elle a changé un peuple de vrais croyants en un troupeau de malfaiteurs. » Le salut du royaume ne pouvait plus venir que du tiers état,

$ 7. — LE Trers.

En effet, les meilleurs royalistes étaient encore les gens du tiers : car ils comprenaient la royauté, et aimaient Louis XVI d'une manière bien désintéressée, eux qui ne pouvaient pas voir dans ce régime un syndicat savamment organisé à leur

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