Louis XVI et la Révolution

L'AGITATION A PARIS. 247

dont la tête était à Paris, et dont les bras s’étendaient sur toute la France. » Ils le surveillent, par leurs espions : Vaudreuil écrit au comte d'Artois, le 24 mai 1791 : « Le comte d’Antraigues a un de ses amis, très bien pensant, qu'il a engagé à entrer au club jacobite, qui y fait l’enragé, et qui lui rend compte de tout ce qui s’y passe. » Voici comment, dans un pamphlet de juin 1790, ils décrivent cette « caverne infâme » : « Connaissez, Parisiens, connaissez, Français, le club des Jacobins. Je vais vous le peindre en deux mots, vous dévoiler ses odieuses trames, et vous mettre à même de le juger irrévocablement. La bassesse et l’avarice sont les dignes portiers de ce elub infernal. L’ambition y préside, elle y distribue à ses sujets les poignards de la vengeance. A côté d'elle on voit l'envie à l’œil ouvert, entourée de serpents; la jalousie au front chauve et sourcilleux éclaire l’Assemblée de son pâle et lugubre flambeau, etc. » Les royalistes souffrent donc de voir ce club apparaître souvent à la barre de l’Assemblée, et présenter même d’excellentes motions. C'est ainsi que le 6 novembre 1790 les Amis de la constitution viennent, aux applaudissements de la majorité, apporter une adresse, pour que l’on déclare monument national la salle du Jeu de Paume. C’est Mirabeau qui l’a rédigée, à la demande des jacobins; c’est Dubois de Crancé qui l’a proposée, le 28 octobre : « Le lieu qui reçut les serments d’une grande nation qui a voulu être libre doit à jamais être voué au silence. Mille fois plus fameux, dans sa simplicité, que ces pyramides dont les ruines immenses attestent l’antiquité du despotisme, les voyageurs viendront y admirer sa destruction, se reposer sur sa tombe... et c’est là qu'ils prendront la plus grande leçon que jamais ait offerte aucun monument. »

Pourtant les jacobins sont bien vite mal vus à l’Assemblée : même des gens d’esprit large et libéral, comme Dupont de Nemours, les dénoncent à la tribune : « Ce ne sont pas les amis de la Constitution; ils blasphèment ce nom s’ils l’usurpent.