Mémoire sur la Bastille

L'ŒUVRE DES SEPT JOURS 241

Le Fèvre, que rien n’étonne et n’embarrasse. « Je m'en charge », répondit-il: et elles furent bientôt transportées sous les arcades de l’hôtel de Soubise.

Le roi arrive, seulement accompagné de quatre personnes de sa cour, escorté par la garde bourgeoise de Versailles, qui remet Sa Majesté à notre garde parisienne. Il arrive à l'Hôtel de ville, et ce fait éclipse tous les autres, à travers trois cent mille hommes armés comme la veille et les jours précédens. Le reste des citoyens, offrant pendant trois quarts de lieue des milliers de groupes en amphithéâtre, étoient le long des maisons, au débouché des rues, aux fenêtres et jusque sur les toits. En allant, ils crièrent : « Vive la nation! » en revenant : « Vive le roi! »

Ce bon prince les regardoit d’un œil paternel: il accueillit à plusieurs reprises l’un de nos braves grenadiers, M. de Tréfontaines, et même il fit remarquer à ceux quiavoient l'honneur de l’accompagner sa figure heureuse et son air martialr.

1. Le roi, frappé de la beauté du cheval que montoit M. de Tréfontaines, lui demanda d’où venoit ce cheval :. « De vos écuries, Sire, et j'aurai soin de l'y remettre, Gardez-le, je vous le donne. »

L’un de nous, peu de temps après, eut les plus grandes obligations à ce digne homme, L’électeur dont il s’agit, chargé par monsieur le maire de faire tirer l’une de nos loteries, s’avisa de pérorer contre cet abus, qu’il avoit déja combattu dans un livre intitulé : De [a passion du jeu depuis les iemps anciens jusqu’à nos jours. L’orateur fit assez

Mémoires sur la Bastille. 31