Mémoire sur la Bastille

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42 MÉMOIRES SUR LA BASTILLE

Les piques, les dards, les fourches et les lambeaux du drapeau de la Bastille flottant sur son passage, loin d’altérer sa sérénité, répandirent sur son auguste front un caractère civique absolument étranger à la plupart de nos monarques. Sa candeur et sa sécurité, signes certains de sa droiture, nous devinrent garans de la liberté que nous venions de conquérir.

Descendant de voiture et prêt à monter à l'Hôtel de ville, Sa Majesté reçut avec sensibilité la cocarde nationale. Il entre, escorté par de nouveaux gardes dont il n’avoit plus besoin ; et les représentans de la nation, mêlés aux électeurs, le proclament tout d’une voix monarque légitime, régénérateur de la nation françoise.

Il se livroit à nous, s’abandonnoiït à tout le monde. On lui baisoit les mains, on baisoit jusqu’à la trace de ses pas; de temps en temps se redoubloient les transports d’amour et de reconnoiïssance. Le peuple, en dehors, répondoït à nos acclamations : il vouloit voir le roi, et le roi se montra.

de sensation pour que plusieurs des assistans allassent retirer leur mise; ce qui donna de l’humeur à quelques buralistes, Insensiblement un grand nombre accoururent. M. de Tréfontaines, qui étoit de garde, protégea l'électeur et le tira d’un pas fort dangereux. (Dusaulx.) — Dusaulx n’oublie jamais ses amis ni ceux qui l'ont obligé : il leur fait même la place plus belle que ne l’exigent la vérité historique et l'exactitude des proportions.