Mémoire sur la Bastille

252 MÉMOIRES SUR LA BASTILLE

pouces d’épaisseur sur une largeur d’à peu près neuf pouces, et posées de champ.

« À en juger par les ossemens, ce cadavre paroissoit être celui d’un homme de cinq pieds huit pouces de hauteur. Nous aperçûmes des traces de chaux, et nous ne fûmes pas surpris que les chairs et les cartilages fussent consommés. On voyoit encore des cheveux au-dessus de la tempe gauche. Les dents, très saines et solidement fixées dans leurs alvéoles, indiquoient un homme de trente à quarante ans, et pourroient faire croire que ce cadavre n’étoit pas fort ancien; mais nous ne donnons cette présomption que comme une simple conjecture.

« Sous le flanc droit, à la chute des reins, s’est trouvé un boulet de canon du poids de cinquantesix livres, enveloppé d’une croûte forte épaisse, formée sans doute par l’humidité des corps ambiants. Il est à croire que ce boulet ne s’est point trouvé là fortuitement, et qu’il y a été mis pour indiquer la personne qui a fini ses jours, de quelque manière que ce soit, dans ces affreux cachots. Peut-être que la suite des travaux ou d’autres indices nous révéleront ce mystère.

« Tous les ossemens ont été transportés sur une planche dans un caveau, où il yavoit déjà un autre cadavre découvert le vendredi saint, et qui paroît être de même date à peu près que celui dont il