Mémoire sur la Bastille

XXX PRÉFACE

méro 17 fut arrété pour contravention aux règlements de la librairie. L'Académie demanda la suppression du numéro 18; mais le ministre de Paris Amelot s’y refusa, parce que le roi et la reine lisaient avec plaisir les élucubrations de Linguet. Séguier, à son tour, dénonça le numéro 18 au Parlement : les gens du roi lui refusèrent les conclusions qu’il demandait. Le Parlement menaça encore une fois les ANNALES pour insultes à la magistrature; le roi se conienta de donner à Linguet, pour censeur, le ministre du dehors, Vergennes. Deux ans s’écoulèrent ainsi. Linguet avait cru prudent de se transporter à Londres, qu’il quitta ensuite sous prétexte de patriotisme, lorsque la guerre éclata entre l'Angleterre et la France. Dans le numéro 59 (mars 1780) il traita fort durement, mais fort justement aussi, avouons-le, un arrêt ambigu du Parlement de Rennes, qui renvoyait dos à dos le maréchal académicien de Duras et le comte Des Grées. Des Grées passait pour avoir reçu de Duras 1500 livres pour voter aux États de Bretagne conformément aux ordres du roi. Rien de positivement déshonorant à cela : c’était l'usage de l’époque. Des Grées se plaignait que Duras en eût parlé, et Duras répondit par un mot où il ne démentait nullement la chose. Le procureur général de Rennes était intervenu. contre Des Grées. Était-ce le fait de corruption active et passive? étaitce la calomnie qu’il s'agissait de dégager? Le