Mémoire sur la Bastille

PRÉFACE XXXV

génaient (à cause du secret) la promenade des prisonniers, furent transférés dans la cour’ du Gouvernement. En 1789, pendant que le ministère réduisait à sept le nombre des prisonniers de la Bastille, et qu’en revanche il en renforçait la garnison et en complétait Parmement, les cahiers du tiers-état et ceux de la noblesse de Paris s’accordaient pour demander au roi la démolition de son château. Cinq semaines avant la mort tragique de de Launey, l’Académie royale d'architecture recevait de Davy de Chavigné le « Projet d’un monument sur l’emplacement de la Bastille, à décerner par les États généraux à Louis XVI, restaurateur de la liberté publique? ».

L'idée de Linguet avait donc fait fortune. Quant à lui-même, nous n'avons pas à le suivre pas à pas jusquà la fin de son orageuse carrière. Il importe de noter qu’il n'avait rien renié de son admiration exclusive pour les gouvernements despotiques : il ne s’en prit jamais qu'aux agents. Plus s’aigrit par la suite Phostilité du roi et du Parlement, plus Linguet retrouva de faveur ou de condescendance à Versailles. Il flatta et servit Joseph Il dans sa querelle avec les Hollandais et plaida pour la liberté de l’Escaut. Marie-Antoinette obtint sa grâce. On le revit à

1. Ch.-L. Chassin, les Élections et les Cahiers de Paris en 1789 (Paris, 1889), t. II, p. 234-237.