Mémoire sur la Bastille

PRÉFACE XLIX

fut pas perdue : seulement elle fut appliquée par la Restauration à la mémoire de Louis XVI.

Dusaulx fut élu au Conseil des Anciens, qui le choisit comme président en juillet 1706. Il se fit de plus en plus modéré. La loi du 24 nivôse an V imposait, au jour anniversaire du 21 janvier, la formule suivante de serment : « Je jure haine à la royauté, haine à l'anarchie. Je jure attachement et fidélité à la République et à la Constitution de l’an III. » Après les mots : à la royauté, Dusaulx fut un de ceux qui, aux Anciens, ajoutèrent les mots : en France, afin (expliqua Dupont de Nemours au milieu des murmures) de ne pas nous brouiller avec les rois alliés de la République. — Quant à la Constitution de l’an III, elle avait déjà subi une rude atteinte : le coup d’État du 18 fructidor an V, sans lequel, il est vrai, l’ancien régime eût été rétabli.

Dusaulx assista encore au coup d’État du 22 floréal, par lequel le Directoire annula les élections ulitra- démocratiques de l'an VI. Il prit congé du Conseil des Anciens le 27 avril 1798. Dans son discours d’adieu, il se donna à lui-même le témoignage d’avoir toujours respecté la justice et les mœurs, et gardé un cœur pur et des mains pures; de s’être montré « l’ennemi des factieux » (terme bien vague entemps de révolution), et d’être resté « étranger à tous les partis ». En réalité, il était plus fait pour la vie privée et pour les lettres que pour la politique militante.

Mémoires sur la Bastille, g