Mémoire sur la Bastille

XLVIIT PRÉFACE

Lorsque enfin il fut délivré, puis rappelé dans la Convention, le 18 frimaire an IIT(8 décembre 1794), il trouva sa fortune très compromise. Un laquais fripon, « espion de Robespierre» , et que Mme Düsaulx, pour ceile raison vraie ou fausse, n’avait osé chasser, s’était installé en maître dans sa maison, et avait tout mis au pillage. Une nièce qu’il avait adoptée, Mlle de Chantereine, s'était jetée par la fenêtre dans un accès de folie, et s'était tuée. Dusaulx ne s’éloigna cependant pas de la vie publique. Après avoir remercié la Convention au nom des soixantetreize, il appuya les mesures prises contre les auteurs de la journée du 12 germinal an II (1° avril 1795); au 1€ prairial (2 mai), il n'abandonna pas son poste. Il vit présenter sur une pique la tête de son collègue Féraud : devant la fosse commune où les restes de ce député avaient été enfouis, il prononça un discours éloquent et humain. Tout entier à ses souvenirs, il discourut encore, le 14 juillet de la même année, sur la prise de la Bastille, et présida dans cette circonstance à la résurrection officielle de la Marseillaise. Les crimes qu’il avait maudits, les excès dont il avait souffert, ne lui firent nullement renier la Révolution. Il eût voulu seulement qu'on élevât, à la manière antique, un monument expiatoire aux victimes des décemvirs. — « Nous allons nous en aller, crie-t-il aux conventionnels dans une des dernières séances, et mon monument sera perdu! » L'idée ne