Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

ANCONE, BRINDES 67

ses recommandations, je m’embarquai dans le courant de nivôse an VI, avec le consul de France, pour me rendre à Ancône (Italie). De là, je me dirigeai, par Milan et Turin, sur Paris où je fus forcé de rester un mois pour pouvoir reprendre des forces et me mettre à même de soutenir la voiture jusqu’à Arras, où résidait ma famille.

Le ministre de la guerre m'accorda une convalescence de trois mois que j'allai passer à Arras. Je n'étais point encore guéri que je demandai à rejoindre mon régiment qui se trouvait toujours à Corfou. A mon passage à Paris, je remis au ministère de la guerre un mémoire de défense de la place et de l’ile de Corfou, et, sur l’avis qu'il me donna que Corfou était menacé par les escadres russe et turque, je partis aussitôt pour l'Italie, et medirigeai sur Ancône.

J’attendis dans cette ville qu’il se trouvât une occasion favorable pour m’embarquer, etje profitai du retour d’une chaloupe canonnière qui était arrivée apporter des dépêches de Corfou pour m’y rendre. Sur cette canonnière étaient également embarqués le général de division Bélair, en qualité de gouverneur des îles du Levant?, le général de brigade Clément, en qualité de commandant de la place de Corfou, et leur état-major, avec une vingtaine d'hommes armés de mon régiment que j'avais choisis dans un petit dépôt à Ancône. Nous fimes voile, dans le courant de frimaire an VII, pour Zara, d’où nous longeâmes la Dalmatie jusqu'à Raguse où nous nous reposâmes cinq jours pour faire des vivres. Nous par-

* Cette ville s'était constituée en république sous la protection de nos armes, en décembre 1796,

* Le Directoire avait décidé de retirer le commandement de la division du Levant à Chabot pour des raisons administratives, et chargé Brune, général de l’armée d'Italie, de lui nommer un successeur. (Lettre du Ministre de la guerre du 2 messidor, 20 juin.)