Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

ANCONE, BRINDES 15

nuée jusqu'à Lyon. Je fus:assez heureux pour trouver mon régiment eutièrement réuni. Peu de jours après, je reçus l’ordre du ministre de la guerre de me rendre avec mon régiment à Paris *.

Dans la route de Lyon à Paris, mon régiment fut partout parfaitement accueilli. La réputation qu'il s'était acquise à Corfou, dans les différentes affaires qu'il avait eues contre les Russes, les Tures et les Albanais, attirait sur notre passage une affluence de monde qui nous regardait avec curiosité et intérêt. Les soldats, qui avaient été obligés de déposer leurs armes à Corfou, et qui se trouvaient vêtus d’'habits de toutes couleurs, ressemblaient plutôt à des matelots qu’à des soldats. J’avais lieu de me plaindre du Directoire à cet égard; je me plaignis, en effet, et, dans vingt-quatre heures, mon régiment fut complètement armé, habillé et équipé ?.

Vers cette époque, le général en chef Bonaparte venant d'Égypte, débarqua à Fréjus (le 17 vendémiaire, Joctobre), et arriva à Paris le 24 vendémiaire. Nous luifûmes présentés. Il me félicita particulièrement sur la valeur de mon régiment et sa bonne discipline. La révolution du 18 brumaire se préparait. Le représentant du peuple Aréna ainsi que ses partisans voulaient renverser les projets de notre général en chef. Il me firent faire beaucoup de propositions pécuniaires el d'avancement que je dédaignai. Ne voulant me mêler d'aucune affaire d'État, je ne connaissais que les ordres de mes généraux, et je n’avais au surplus aucune raison de trahir le général en

1 Y. AU, aux notes. : ÿ. AV, aux notes.

$ ]1 put lui rappeler les manœuvres de Brück, la brillante défense de Corfou par la 19e, les marinsde l'expédition d'Egypte que Godart avait commandés à Brindes.