Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

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où j’arrivaile lendemain matin à huit heures. Je nefis encore que rafraîchir, et au bout de trois heures je continuai de marcher jusqu’au soir pour arriver à Barlette. En trente-quatre heures, nous avions fait soixante-quatre milles d'Italie’. Le même jour, à minuit, nous repartimes pour Cerignola,et ne discontinuâmes pas de marcher jusqu’à Avellino où la troupe que j'avais avec moi se réunit à la division qui s'y trouvait ?.

Je me rendis de ma personne à Naples près du général en chef qui me félicita d'autant plus de la réussite de mon expédition, et surtout de ma retraite, que le pays par où j'étais passé était rempli d’insurgés, et que la célérité que j'avais mise pour le traverser ne leur avait point donné le temps de se réunir pour arrêter ma marche. Je restai pendant quelques jours attaché à son étatmajor, et, ayant appris que la garnison de Corfou se rendait en France par capitulation, je demandai l’ordre de la rejoindre, ce qui me fut accordé.

Je partis pour Rome où je restai six jours faute d’escorte, les routes étant interceptées par les brigands. De là je me dirigeai ensuite sur Florence où je restai une quinzaine de jours pour y attendre différents détachements de mon régiment qui devaient y arriver d'Ancône. Je me dirigeai ensuite sur Gênes, où je trouvai encore trois autres compagnies de mon régiment qui y étaient débarquées, et dont on avait profité pour les employer contre les Barbets qui désolaient ce pays?.

J'obtins de partir de Gènes avec ce que j'avais de mon régiment, et de me rendre à Nice où ma route fut conti-

* Quatre-vingt-quinze kilomètres. La marche totale jusqu’à Avellino, toujours harcelée, fut d'environ 150 milles ou près de 223 kilomètres, ? Y. AS, aux notes.

3 V. AT, aux notes.