Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

ANCONE, BRINDES 73

craignant à tout instant d’être attaqué par l’escadre russe qui venait de s'emparer de Corfou. Je fis établir des fourneaux à rougir les boulets. Le vaisseau fut remis à flot après cinquante et une heures de travaux", et mis en état de tenir la mer. J’ordonnai alors au lieutenant de vaisseau ? de partir pour Ancône où il arriva sans le moindre accident.

Le départ de ce vaisseau causa beaucoup d'inquiétude parmi les officiers du 8° que j'avais avec moi. Ils se croyaient perdus. Je ne pouvais que leur répondre que notre situation n’était pas aussi critique qu'ils se l’imaginaient bien; qu’en cas d'attaque nous nous battrions et repousserions l'ennemi comme nous l’avions déjà fait; qu’en cas de retraite forcée, nous nous renfermerions dans le fort où j'avais fait débarquer pour six mois de biscuit. Dans cette résolution, j’expédiais tous les jours deux barques pour aller au loin à la découverte; je payais des espions qui me rapportaient ce qui se passait dans nos environs, et je ne manquai pas de faire connaître tout à la fois notre singulière situation au général en chef Macdonald à Naples :.

Bientôt je reçus l’ordre de ce général d'abandonner cette position et de détruire tous les travaux que j’y avais faits. Je fis donc jeter à la mer 375 tonneaux de poudre, 1,000 boulets et obus, une partie des canons, une caisse de médicaments qui coûtait 25,000 francs. Je fis distribuer pour six jours de biscuit à mes troupes, et partis un matin, sans tambour et sans trompette, pour Monopoli où j'arrivai le soir. Je fis une halte de trois heures pour rafraîchir ma troupe, et me remis en marche pour Bari

! Par conséquent le 24 germinal (23 avril) au soir. # C'était Touffet qui d'Ancône se rendit à Toulon (prairial). 5 V. AR, aux notes.