Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

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MÉMOIRES DU GÉNÉRAL GODART

Dès ce moment j'eus le commandement supérieur de l'expédition. Comme l'ennemi n’était pas éloigné à plus de dix lieues, je pris tous les moyens de défense en cas d'attaque. Je fis réparer toutes les brèches praticables du rempart. Je fus obligé de faire un emprunt forcé de 4,800 francs pour servir aux frais des différents services qu'exigeait notre situation.

Le deuxième jour (10 avril, 21 germinal), à cinq heures de l'après-midi, l'ennemi m'’attaqua si vivement que je crus tout perdu. Mes postes extérieurs avaient été repoussés jusqu’à la porte, et je n’eus que le temps de placer mes troupes de manière à pouvoir nous défendre. J'engageai le général Clément à se rendre de suite à Ancône, ce qu'il fit. J'avais heureusement affaire à un ennemi peu entreprenant, sans quoi il eût pu nous enlever dans la place, attendu que, pour nous retirer, nous devions faire le tour du port. La nuit étant survenue, j'en profitai pour faire monter quatre pièces de canon sur de mauvais affüts que l'on avait trouvés dans les rues; pour établir également un pont sur le port avec les barques et vaisseaux qui s’y trouvaient, de manière à pouvoir communiquer plus facilement et plus promptement avec le fort et avec le Généreuxr, ou m’assurer une retraite en cas que j'y fusse forcé.

À quatre heures du matin, le 22 germinal, je pus faire tirer douze coups de canon sur les avant-postes ennemis. Je fis en même temps une sortie à la tête d'environ 350 hommes du 8° léger, et parvins à chasser entièrement l'ennemi qui ne s'attendait nullement à une attaque aussi brusque et aussi matinale de ma part. Après l’avoir poursuivi plusieurs milles d'Italie, je rentrai à Brindisi où je commençai à respirer.

Je fis travailler à mettre le fort en état de défense,